Résumé |
Parcourant les débats récents sur la mesure des inégalités de santé, les auteurs relèvent tout d’abord que la variété des outils témoigne de contextes, données et objectifs différents, mais aussi de méthodologies propres aux disciplines qui ont investi ce champ, plus particulièrement l’épidémiologie sociale et l’économie de la santé. Ils constatent en particulier que la rareté des données d’état de santé objectives (permettant théoriquement les comparaisons dans l’espace et dans le temps) et cardinales (rendant possible la comparaison directe des situations individuelles) dans les enquêtes en population générale a entraîné un important effort de recherche méthodologique sur le passage de l’ordinal au cardinal et sur la correction des biais socioéconomiques ou culturels de déclaration de l’état de santé. Remarquant que la mesure du statut économique et social pose des difficultés du même ordre, ils soulignent l’intérêt des méthodes de décomposition qui prennent en compte plusieurs facteurs explicatifs simultanément. L’article illustre les liens entre instruments de mesure et normes de justice sociale en relevant des éléments de débat portant notamment sur la mesure d’inégalités pures ou d’inégalités sociales de santé. Enfin, l’objectif d’équité apparaît aux auteurs insuffisamment clairement affiché dans les choix d’outils de mesure des inégalités de santé. Ils concluent à la nécessité de renforcer le lien entre théories de la justice sociale et outils de mesure des inégalités de santé.
|